« Un homme, une voix ! », c’est l’adage de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS). Cela ne serait-il pas un peu patriarcal ?
Comme l’écrit Manon Désert, du think thank européen Pour la Solidarité « dans la construction de son modèle égalitaire, l’économie sociale et solidaire semble avoir oublié les femmes ».
Un même constat d’inégalités entre les femmes et les hommes
Dans son article, vers l’égalité femmes-hommes dans l’ESS ?, Manon Désert dresse le constat d’une plus grande précarité pour les femmes et de l’existence d’un plafond de verre. Elle s’appuie sur plusieurs études.
Les femmes représentent 67 % des salarié-e-s de l’économie sociale et solidaire mais 47% des cadres. 27% des femmes cadres exercent des fonctions de direction pour 38% des hommes. La différence de rémunération entre les femmes et les hommes est particulièrement marquée chez les cadres.
Donc si l’ESS se distingue, ce n’est pas par l’absence d’inégalités femmes – hommes car même au niveau de la gouvernance on constate une faible parité.
Un début de mobilisation au sein de l’ESS
Dans cet article synthétique que l’on vous recommande si vous souhaitez creuser le sujet, l’auteure nous présente aussi le collectif FemmESS né en 2011 qui agit pour une approche croisée sur les questions de genre et d’économie sociale et solidaire.
Enfin, Manon Desert fait état des avancées sur le plan législatif notamment dans la loi cadre sur l’économie sociale et solidaire qui devrait être promulguée prochainement. Des changements culturels sont aussi à opérer au cœur des instances qui font l’ESS (associations, coopératives, mutuelles et banques).
Or comme le souligne Philippe Frémeaux, administrateur de la coopérative qui édite Alternatives Economiques et dont Manon Désert reprend les propos, « la démocratie, telle qu’elle est pratiquée au sein de l’économie sociale et solidaire a d’abord pour but d’assurer la pérennité des structures et de leur projet. Elle privilégie la cooptation et la reproduction des équipes dirigeantes, ce qui profite aux hommes. »
Pour agir, il est important d’encourager la production de données sexuées à l’instar de l’étude réalisée par la Cress Midi Pyrénées car ce sont les chiffres qui donnent à voir la réalité. Manon Désert souligne qu’une des pistes d’actions préconisées est de créer des réseaux régionaux sur l’égalité professionnelle femmes-hommes.