Le 28 septembre dernier, la délégation aux droits des Femmes du Sénat a rendu le rapport des sénatrices Chantal Jouanno (UDI) et Christiane Hummel (LR). Le sujet ? « Femmes et voitures », un thème fort qui ne fera sourire que les amateurs d’idées reçues !
Car ce rapport s’intéresse avant tout à la relation entre les femmes et le monde de l’automobile au sens large : exit les bons mots, l’intitulé « femmes et voitures » n’est en réalité qu’une porte d’entrée vers des sujets variés et des enjeux forts. Focus sur deux d’entre eux.
Permis de conduire : pourquoi un moindre succès des femmes ?
C’est dans le cadre de la rédaction du rapport EGALiTER sur les inégalités femmes hommes dans les territoires fragiles que nous avions eu la surprise de découvrir avec le Haut Conseil à l’Egalité femmes hommes que le taux de réussite des femmes au permis était de 10 points inférieurs à celui des hommes. En 2014, le taux de réussite des femmes était de 55,5 % contre 65,5 % pour les hommes.
Le rapport « Femmes et voitures » du Sénat préconise de produire des statistiques sexuées pour mieux comprendre cet écart de réussite entre hommes et femmes. Il s’agit de savoir si cet écart peut être lié aux sexes des candidats et des examinateurs. D’autres données sexuées seraient aussi à produire et à analyser : coût du permis, nombre d’heures de cours et de présentation aux différentes épreuves, délai entre les présentations à l’examen, résultats par établissement et par territoire… In fine, l’idée est bien sûr de faire progresser le taux de réussite des femmes au permis car le papier rose reste un élément important de l’insertion professionnelle et sociale. En effet en 2007, 76% des femmes étaient titulaires du permis de conduire pour 91% des hommes. L’absence de permis a de lourdes conséquences en milieu rural et partout où l’offre de transports en commun est réduite.
Avec le permis de conduire, on reste dans un sujet évoqué précédemment : la menace du stéréotype. Une idée reçue “les femmes conduisent mal” — entretenue par les médias, la publicité, les salons automobile — s’ancre profondément dans les schémas de pensée et entraîne une diminution de la performance de la population qui se sent juger à la « lumière » de ce cliché.
L’article 44B du projet de loi « Égalité et citoyenneté » étend déjà aux publicités la mission du CSA en matière de lutte contre le sexisme à la télévision et à la radio. Le rapport « Femmes et voitures » pointe le besoin d’une vigilance particulière pour le secteur automobile.
Métiers de l’automobile : les femmes sous-représentées
Derrière cette idée fausse que les femmes causeraient plus d’accidents puisqu’en réalité 82,5 % des accidents mortels ont des hommes pour auteurs présumés, grandissent des jeunes femmes qui n’envisagent pas le secteur de l’automobile comme une potentielle perspective d’orientation professionnelle. À l’exception du côté administratif : 3/4 des femmes qui travaillent dans l’automobile y occupent en effet ce type de poste. Or le secteur automobile est reconnu pour la grande diversité des métiers qu’il propose, incluant nombre de postes scientifiques et techniques. Les femmes y représentent 25 % des salariés et pourtant… près d’une automobiliste sur deux !
Pour changer la donne, le rapport recommande de mieux informer les filles sur les métiers offerts par le secteur automobile et parallèlement, de repenser et renforcer les processus d’orientation dès le collège. A noter aussi, l’existence de l’association Wave (WoMen and Vehicles in Europe) créée par des femmes et des hommes travaillant dans le secteur automobile. Ses membres souhaitent faire connaître et promouvoir auprès des femmes les métiers de l’automobile en proposant du mentoring et des évènements.
Vous avez envie d’aller plus loin ? N’hésitez pas à découvrir le rapport complet qui vous emmènera sur les routes aux côtés de Louise Sarazin et qui vous apprendra qu’avant de faire les frais des clichés liés à l’automobile, les femmes avaient dû revendiquer le droit d’utiliser… les vélos !